X

Tisseur de soie

Bernard Oriol est le dernier artisan tisseur de Pélussin dans la Loire. Avec ses 6 métiers à navettes, il doit sa survie à une production fine de qualité, celle de mousseline de soie écrue. La mousseline, étoffe fluide et transparente, est principalement destinée à la confection de foulards, chemisiers ou d’accessoires pour les robes de mariée.

Le tissage de cette matière naturelle est délicat. La finesse du fil le rend très cassant et cette fragilité nécessite la confection de centaines de nœuds par jours. Pour le tisseur cela demande une grande attention, avoir toujours les yeux plongés sur le tissu et repérer le moindre défaut, dans le métier « voir un film » signifie que le tissu est correct et sans accroc. Le tissu est formé par une chaîne composée de 6000 fils de soie où vient s’entrecroiser une trame, un fil enroulé autour d’une canette entraînée par une navette au rythme de 150 allers retours par minute, d’où l’expression « faire la navette ».

Bernard Oriol navigue entre ses métiers, les yeux parcourant le défilement du tissu et les mouvements incessants des rouages des machines. Il connaît
parfaitement son outil de travail. Ce savoir-faire ou comme il l’appelle « son tour de main », lui vient de son père auquel il succéda, il y a quarante ans. A cette époque le canton produisait de cinq à six millions de mètres linéaire par mois. Pour lui c’était un temps où « on pouvait reconnaître la situation sociale d’une personne aux vêtements qu’elle portait ». Depuis, la production de tissu à été délocalisée et toutes les usines de Pélussin ont fermé. Quant à lui, le secret de sa suivie vient qu’il n’a jamais été obsédé par le revenu et se contente de peu.

Malgré ces temps difficiles il a gardé des acheteurs prestigieux comme le théâtre des Bouffes du Nord à Paris ou un client londonien resté fidèle depuis les années cinquante. Ainsi ces délicats fils de soie entrecroisés dans son petit atelier de Pélussin font la beauté des robes de soirées dans les salons anglais.

 :