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Docteur clown

Docteur clown, le rire thérapeutique, la joie dans les hôpitaux. Associations de mots incongrues. Des clowns à l’hôpital ! Certains diront que c’est impossible, l’hôpital ce n’est pas de la rigolade. Et pourtant, imaginer un habit bariolé, des chaussures trop grandes, un nez rouge dans les couloirs blancs et aseptisés d’un hôpital attise la curiosité et l’étonnement. Le sourire n’est pas très loin. Attiré par ce paradoxe, j’ai contacté l’association Docteur clown en 2003. Plusieurs mois se sont écoulés avant que je puisse suivre les interventions des clowns. L’hôpital est un milieu fermé et très réglementé. De plus l’action des clowns se déroule dans la sphère privée des enfants et de leur famille, où la maladie et la souffrance sont présentes. Les clowns sont des professionnels et pour ce travail ils se soumettent à des règles très strictes. Elles concernent l’hygiène, le secret professionnel, le respect des enfants, des parents, des soignants et de la maladie. Pour le reportage photographique le même règlement était exigé et toutes les photos ont été prises avec l’autorisation des parents et des services hospitaliers. Les prise de vues se sont étendues sur une vingtaine d’interventions pendant l’année 2004 à Lyon, St Etienne et Bourg en Bresse. J’ai retrouvé les clowns lors des consultations, dans les salles d’attentes, les services de pédiatries et jusqu’en néonatal. Les clowns réalisent une performance délicate. C’est un travail d’improvisation sur la longueur, de une demie à une journée entière et derrière la fantaisie ils maîtrisent la psychologie de leur action pour le plaisir de l’enfant. L’approche des enfants est sans doute le plus impressionnant. Le rire d’une infirmière dans le couloir, une petite musique ou une nuée de bulles de savon les précède. Ils sont une surprise qui ne choque pas, une extravagance de velours. Ils emploient beaucoup de nuances pour que l’enfant et le clown se découvrent et acceptent de jouer ensemble. C’est peut être l’essence du clown qui permet cela. Le clown n’est pas un personnage de fiction, chaque acteur possède son clown, et le pratique depuis des années. Quand le clown rentre dans les services hospitaliers, ce n’est pas du spectacle, il est un individu que l’on croise comme on croise une infirmière. Bien sur il est impossible de parler sérieusement avec un clown, chacun son rôle. Le clown s’intègre dans le quotidien pour nouer le dialogue avec les enfants, c’est une histoire qui se vit, la réalité n’est pas fuyante. Suivre les Docteurs clowns a été une chance, j’ai pu capter des instants d’intimités où le spectateur n’existe pas. Les moments où l’alchimie clownesque transforme une chambre d’hôpital en bulle de joie pour les enfants et les parents.

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